Au moment de se présenter, il hésite : « Graphiste, dessinateur, photographe, voyageur, documentariste… Artiste ? Artiste, c’est bien : c’est un peu tout ça. Et la création, ça permet de se transformer. » Va pour la transformation. Ses aïeux l’ont élevé dans les récits de voyage qu’ils avaient accomplis et les frustrations de ceux qu’ils n’ont pû vivre. « Finalement, je n’avais pas d’autre choix que d’aller explorer le monde à mon tour ».

À 17 ans, Il met donc le cap vers Bénarès, en Inde. « J’ai passé de longues heures à regarder des corps sur les bûchers funéraires, se souvient-il. J’ai alors compris qu’il y avait une autre façon de voir le rapport au monde et la spiritualité. » Simon Allix réalise du même coup que, lui aussi, aime découvrir l’ailleurs. Un début de mue. Dès lors, il enchaîne. D’abord les petits boulots puis, rapidement, les missions de graphiste dans des agences de communication, d’architecture, d’édition… Et surtout, chaque été, il repart loin, « pour découvrir les autres en moi. Ce qui nous rassemble malgré nos différences. » En 1995, il pousse jusqu’au coeur du Tibet sacré, au pied du mont Kailash. Ensuite, il s’intéresse à l’Afghanistan, au Pakistan, en Inde encore, au Népal, à la Route de la Soie, à l’Asie du Sud-est… avant de retourner au Tibet en 2010 pour y tourner un documentaire à la fois intimiste et universel. Il a aussi deux tours du monde à son actif. « Pourtant, j’ai l’impression que l’ensemble de mes voyages ont gravité autour du Tibet », sourit-il aujourd’hui. Ce quadra touche-à-tout a fêté ses 30 ans de voyages en 2019. Depuis New-York - « une ville-monde » - où il vit désormais, il imagine des séries de documentaires : sur les femmes exceptionnelles, sur les explorateurs… Un moyen, encore, d’aller vers l’autre : « Je veux pouvoir partager ma bienveillance du monde. Et cette chance qu’offre le voyage d’ouvrir les yeux et les consciences. » Avec lui, attendez-vous à revenir transformé.

1. La montagne magique, sur les chemins du Kailash, coréalisé avec Florence Tran