Ici, un chemin de crête suspendu entre ciel et mer, une vallée luxuriante. Là, un village coloré blotti contre la roche, une plage de sable noir, ou plus étonnant un désert. Partout sur ces îles, le souffle du volcanisme, encore palpable, a modelé les reliefs et dessiné des panoramas hors du commun. Au cœur de l’Afrique de l’Ouest, voici les plus beaux paysages du Cap-Vert ! Tantôt sauvages, battus par les vents et l’océan Atlantique, cuivrés par le soleil des Tropiques, ébranlés par les éruptions volcaniques, tantôt façonnés par la main de l’homme, ils sont la promesse de randonnées exceptionnelles.
Sommaire Les paysages emblématiques du Cap-Vert
Les paysages insolites du Cap-Vert |
Les paysages emblématiques du Cap-Vert
Le Tope de Coroa, un sommet mythique pour les randonneurs
Situé dans la région quasi inexplorée de Santo Antão, au nord-ouest, le Tope de Coroa (ou « sommet de la couronne ») en est le point culminant avec ses 1 979 m d’altitude et le deuxième plus haut sommet des îles du Cap-Vert, juste après le Pico do Fogo. Ancien volcan dont la dernière éruption remonte à 200 000 ans, il possède un cratère encore bien conservé. Tandis qu’une grande partie de sa zone occidentale comporte des coulées de lave datant de cette époque. Abritant 61% de plantes à fleurs endémiques, cette montagne jouit également du statut de parc naturel. Accompagnée par un guide local, son ascension d’une journée (1600 m de dénivelé positif en moyenne) requiert un peu d’endurance et un bon équipement. Le sentier débute à travers une étendue semi-aride avant de grimper lentement parmi les quelques arbustes, buissons épineux, et plantes herbacées. L’effort est largement récompensé au sommet : la vue s’ouvre sur un panorama exceptionnel, à 360° sur l’île, l’immensité bleutée de l’Atlantique et, par temps clair, l’île voisine de São Vicente se dessine à l’horizon.
La vallée de Paúl, un écrin de verdure au Cap-Vert
Paysage du Cap-Vert emblématique, nichée au nord-est de l’île de Santo Antão, la Ribeira do Paúl est un véritable paradis pour les randonneurs qui l’arpentent. Parmi une végétation un brin exubérante, la vie ici s’écoule paisiblement au rythme des cultures en terrasses, où poussent cannes à sucre, ignames, bananiers, caféiers et autres fruits exotiques. C’est grâce aux reliefs qui l’entourent, arrêtant la course des nuages, que cette vallée encaissée bénéficie de bonnes conditions hydriques toute l’année : les pluies sont abondantes et de nombreux ruisseaux cristallins dévalent les montagnes jusqu’au fond des gorges. L’air y est imprégné de senteurs sucrées, entre les fruits qui mûrissent sous le soleil et l’humidité des sous-bois. Les habitants cultivent la terre avec soin : assistés de Madériens, ils y ont construit un réseau sophistiqué d’irrigation composé d’une centaine de bassins de rétention d’eau et de levadas (canaux) amenant l’eau jusqu’aux champs. Au détour d’un sentier, dans une petite maison typique accrochée aux flancs de la vallée, on peut croiser un producteur proposant un verre de grogue, ce rhum agricole typique fermenté et distillé à partir du jus de canne à sucre. Un péché ? Non, un délice !
La route de la Corde, un vertigineux ruban de pierre
Incontournable d’un voyage à Santo Antão, l’Estrada da Corda (ou « route du funambule ») est l’une des routes les plus spectaculaires des îles du Cap-Vert. Construite à la main, pierre après pierre, dans les années 60, et inaugurée en 1973, cette route pavée permet de relier Porto Novo, le nouveau port au sud, à Ribeira Grande au nord à travers les montagnes. Jusqu’en 2009, avant que ne soit construit le tronçon routier bitumé joignant Porto Novo à Janela, elle était l’unique voie de communication entre les deux plus grandes villes de l’île. Avec ses 36 km de lacets, elle serpente dans les cirques, flirtant parfois avec l’arrête des crêtes, au-dessus de la mer de nuages. Elle offre des vues plongeantes sur les canyons et la mosaïque de parcelles cultivées. Chaque virage dévoile un tableau inédit : un village accroché à flanc de falaise, avec ses toits colorés et ses habitants chaleureux, une cascade jaillissant entre deux rochers, de nouvelles aiguilles basaltiques aiguisées ou encore un troupeau de chèvres escaladant des pentes improbables.
La baie de Mindelo, entre culture vibrante et port animé
Au nord de l’île de São Vicente, Mindelo est reconnue comme la capitale culturelle du Cap-Vert. La ville commence à être édifiée en 1793 autour d’une magnifique baie, qui assurait un refuge très sûr aux bateaux. Son port, Porto Grande, fut dès 1875 le plus grand « hub » de charbon d'Atlantique du Sud, attirant les compagnies anglaises destinées à ravitailler les centaines de navires embarquant pour les Amériques. Aujourd’hui bordée de maisons aux teintes vives et surplombée de collines, cette baie vit au rythme des badauds, marins, artistes et musiciens. Dès l’aube, le port s’éveille avec les bateaux revenant de la pêche. Les marchés diffusent des arômes de fruits tropicaux et de poissons grillés, tandis que les notes de morna, cette musique mélancolique popularisée par Cesária Évora, flottent dans l’air chaud. En flânant le long du littoral, on s’imprègne de cette ambiance si particulière propre aux îles du Cap-Vert : nonchalance, rythmes africains, brésiliens et influences portugaises. La cité s’anime particulièrement lors du carnaval de Mindelo, en février, où costumes flamboyants et percussions transforment les rues en un tourbillon de couleurs et de sons.
Cidade Velha, l’ancienne capitale du Cap-Vert
À l’extrême sud de l’île de Santiago, la ville de Ribeira Grande, rebaptisée Cidade Velha (la « ville antique ») à la fin du XVIII ? siècle, est un témoin vibrant du passé colonial du Cap-Vert. Ancienne capitale du pays jusqu’en 1770, elle fut la première ville coloniale construite par les Européens sous les tropiques. Aujourd’hui classée par l’Unesco au patrimoine mondial, elle conserve une partie de son tracé viaire et d’importants vestiges, dont deux églises, six forts et la place du Pilori avec sa colonne de marbre de style manuélin. Chargées d’histoire, ses ruelles pavées, habillées de jolis maisons en vieille pierre, semblent porter les souvenirs d’une époque où la ville était un carrefour du commerce et hélas, de la traite négrière transatlantique : marins et marchants venus d’Afrique, d’Europe et d’Amérique faisaient escale ici. Dominant le rivage, l’ancienne citadelle veille sur l’océan, offrant un panorama saisissant où les silhouettes des navires se découpent à l’horizon. Les chants des églises, le rythme profond des tambours lors des fêtes locales et le ressac des vagues contre les quais participent à cette plongée hors du temps.
Le parc naturel de la Serra Malagueta, une riche biodiversité
C’est l’un des plus beaux paysages du Cap-Vert encore préservé ! Situé au nord de Santiago, à 1064 m d’altitude, ce massif montagneux d’origine volcanique a été classé en aire protégée en 2003. Véritable réserve de biodiversité, ses gorges abruptes, ses forêts luxuriantes et ses plaines battues par les vents constituent un abri pour une faune et une flore uniques. Les sentiers de randonnée serpentent entre des falaises vertigineuses et des vallées profondes où poussent près de 124 espèces de plantes dont 28 endémiques telle la fleur Limonium lobinii. En marchant, on peut également entendre le chant des oiseaux tropicaux, comme ceux du martinet et du moineau du Cap-Vert et, avec un peu de chance, apercevoir singes (Grivets), reptiles et chauves-souris (à la tombée de la nuit).
Les plages de sable fin de Sal et lagons turquoise
Parmi les îles du Cap-Vert, Sal est un paradis pour les amateurs de longues plages de sable. S’étendant à son extrémité sud, sur 10 km, celle de Santa Maria est la plus animée, léchée par une mer turquoise et cristalline digne des Caraïbes. Vers 10h30, on peut ici assister au retour des pêcheurs. Alors que d’octobre à avril, elle est le spot idéal pour faire du surf. Pour plus de calme, la plage de Ponta Preta est l’une des plus sauvages de l’île, avec un coucher de soleil particulièrement féerique. Déroulant un sable blanc rosé, elle est entourée de dunes. De nuit, entre juin et octobre, ces plages offrent un tout autre spectacle : les tortues caouannes (caretta, caretta), présentes en nombre au Cap-Vert, viennent pondre leurs œufs sur la terre ferme en creusant un nid. 60 jours plus tard, les œufs éclosent et les bébés tortue rejoignent l’océan. En compagnie d’un guide naturaliste ou d’un membre d’une association assurant leur protection, leur observation se fait à distance pour ne pas les déranger.
Les paysages insolites du Cap-Vert
La Chã das Caldeiras et ses décors lunaires
Dans la partie centrale de l’île de Fogo, le Chã das Caldeiras dévoile l’un des paysages du Cap-Vert les plus incroyables. Cette grande caldeira de 9 km de diamètre est apparue grâce à l’éruption du Monte Armarelo, un ancien cône volcanique effondré. Ceinturée à l’ouest par la bordeira, un rempart montagneux de 2 700 m d’altitude, elle est façonnée par les éruptions successives du Pico do Fogo, le point culminant du Cap-Vert (2?829 m) et le dernier volcan actif de l’archipel. Accompagnée par un guide local expérimenté, une randonnée au Pico est une plongée dans un autre univers : sous nos pas, du basalte d’un noir profond à profusion ! La lave solidifiée craque légèrement, restituant encore la chaleur du soleil accumulée. Et plus étonnant encore, de-ci de-là, la vie y a repris ses droits… Des vignes s’accrochent aux flancs du volcan, produisant un vin capverdien aux notes légèrement fumées. Tandis que le village de Chã das Caldeiras, reconstruit après les dernières éruptions de l’hiver 2014-2015, est un véritable symbole de résilience. Les habitants, à l’hospitalité légendaire, partagent avec les randonneurs leur mode de vie si atypique, au plus près de ce géant de feu.
Le village de pêcheurs de Tarrafal, au cœur des traditions maritimes
À l’extrême nord de Santiago, ce village authentique de pêcheurs jouit d’un cadre idyllique où le temps semble s’étirer sous le soleil tropical. Embrassée par une mer propice à la baignade, surmontée par une montagne arborée, sa plage de sable doux, bordée de cocotiers, accueille chaque matin le retour des pêcheurs à bord de leurs barques colorées. Entre les effluves des poissons grillés provenant des petites gargotes et les enfants jouant au football sur le rivage, l’ambiance y est typique, l’immersion totale. Lorsque la fin d’après-midi arrive, les locaux se rassemblent à l’ombre pour s’engager dans des conversations animées ou des joutes de dominos.
Les dunes de Viana, un mirage doré au cœur de Boa Vista
Autres beautés naturelles, les dunes du désert de Viana sur l’île de Boa Vista. Le sable blanc et doré qui les modèle provient du Sahara. Charrié par les vents, il recouvre cette étendue de 1 km sur 5 créant un paysage en mouvement extraordinaire. Marcher sur ces dunes, de parfois 50 m de haut, est une expérience magique. On peut les entendre chanter sous l’action du vent. À l’aube ou au crépuscule, leurs ombres s’étirent et le ciel se teinte de nuances pastel, créant une atmosphère presque irréelle.
Le cratère de Cova, une oasis suspendue à Santo Antão
Perché à plus de 1 300 m d’altitude, au nord-est de Santo Antão, le cratère de Cova est un véritable écrin de verdure. Faisant partie du parc naturel Cova, Paúl et Ribeira da Torre, cet ancien volcan éteint abrite aujourd’hui une petite vallée fertile où les habitants cultivent maïs, haricots et pommes de terre. Pour en apprécier toute son étendue, un sentier de randonnée permet de contourner le cratère en passant par une forêt de conifères et d’eucalyptus odorants jusqu’à un point de vue spectaculaire du haut de ses remparts. En arrivant au bord du cratère, on découvre la caldeira tapissée d’une mosaïque de cultures et bordée par les pins et mimosas. Un contraste saisissant avec les paysages plus arides des autres régions de l’île.
Tarrafal de Monte Trigo et sa plage de sable noir
Sur la côte sud-ouest de Santo Antão, dans la partie aride de l’île, Tarrafal de Monte Trigo est un village de pêcheurs isolé avec de jolies maisons blanches, bordé par une plage de sable volcanique d’un noir profond. Ici, la nature est sauvage : les eaux claires abritent des tortues marines, tandis que les montagnes escarpées semblent protéger ce petit paradis du reste du monde. De ce village, on accède à pied (en 4h de randonnée) à un autre village encore plus retiré, accessible uniquement par une piste, Monte Trigo au pied du Topo de Coroa. Bien qu’exigent (une portion est considérée très technique), l’itinéraire balisé en lacet de 10 km est magnifique, au plus près de l’océan. On plonge dans un environnement minéral, presque dépourvu de toute végétation avec un passage sur une ancienne coulée de lave. Le retour peut se faire en bateau, avec peut-être la chance d’apercevoir des baleines.
Le sentier côtier de Cruzinha à Ponta do Sol, à flanc de falaise
Au nord-est de Santo Antão, le sentier côtier de Cruzinha à Ponta do Sol est l’une des plus belles randonnées au Cap-Vert. Ce chemin aérien taillé dans la roche, en grande partie pavé, longe l’océan sur 14 km (5h de marche et 530 m de dénivelé positif en moyenne) au gré de circonvolutions, offrant des panoramas à couper le souffle sur les falaises et les vagues fracassantes en contrebas. L’itinéraire traverse plusieurs vallées et villages : Forminguinhas, Corvo et, après une montée un peu raide, Fontainhas, un hameau coloré, perché sur un éperon rocheux surplombant de belles cultures en terrasses.
Le volcanisme au Cap-VertLe volcanisme des îles du Cap-Vert a façonné des reliefs uniques il y a de ça plusieurs millions d’années. Si certains volcans sont aujourd’hui éteints, leur empreinte demeure à travers les éperons escarpés de Santo Antão ou les formations basaltiques de Boa Vista. Le Pico do Fogo, point culminant de l’archipel avec 2 829 m d’altitude, reste l’un des rares volcans actifs d’Afrique de l’Ouest. Lors de sa dernière éruption en 2014, ses cendres ont recouvert la région. Cependant, la vie a repris son cours, comme en témoignent les vignes qui ont poussé sur ces sols fertiles. Gravir ses pentes noires, c’est sentir la chaleur résiduelle sous ses pieds, observer des fumerolles s’échapper encore du sol et s’émerveiller devant la diversité des paysages du Cap-Vert. D’autres volcans, aujourd’hui endormis, ont laissé des paysages spectaculaires au Cap-Vert. Les cratères de Cova et Chã das Caldeiras témoignent de leur activité passée, tandis que les vallées fertiles de Paúl et Ribeira Grande profitent d’un sol enrichi par les anciennes éruptions. Le volcanisme a non seulement façonné la géographie du Cap-Vert, mais aussi son agriculture et son identité. Il a permis la culture du café, de la canne à sucre et du vin. |