Au large des côtes du Sénégal, posées sur l’océan Atlantique, balayées par les alizés, les îles du Cap-Vert forment un archipel longtemps oublié parfois même sur les cartes du monde. Ce « petit pays » d’Afrique de l’Ouest, à l’héritage portugais, si cher à la chanteuse Cesária Évora, se compose d’une dizaine d’îles volcaniques aux ambiances et paysages bien singuliers, des mondes à part. Véritable jardin d’éden des randonneurs, Santo Antão offre ainsi de belles montagnes verdoyantes, Fogo, un brûlant stratovolcan, Boa Vista, des dunes de sable blanc, ondulant sous les vents. Et ce n’est qu’un échantillon de ce qui vous attend… Entre randonnées de haute volée, rencontres authentiques, immersion dans les villages colorés, snorkeling dans les eaux turquoise, musique et danse, on vous invite dans cet article à parcourir chacune d’entre elles et à y découvrir toutes leurs richesses.
Sommaire Les îles Barlavento ou îles-au-Vent Les îles Sotavento ou îles-sous-le-Vent
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Où se trouvent les îles du Cap-Vert sur la carte ?
Au cœur de l’océan Atlantique, à 570 km des côtes du Sénégal, au large de la Mauritanie et de la Gambie, l’archipel du Cap-Vert est un petit État insulaire d’Afrique de l’Ouest. Composé d’une quinzaine d’îles dont 9 habitées, il s’étend en forme de demi-lune sur près de 4 000 km² et se divise en deux groupes : les îles Barlavento (îles-au-Vent) au nord et les îles Sotavento (îles-sous-le-Vent) au sud qui comprend l’île de Santiago avec Praia, la nouvelle capitale du pays.
Les îles Barlavento ou îles-au-Vent
São Vicente, l’artistique
Un voyage à São Vicente est une immersion totale dans la culture cap-verdienne entre musique, art et paysages sauvages. Terre de festivités, São Vicente est le cœur battant du Cap-Vert. Uniquement accessible en ferry, elle est située à l’est de Santo Antão. À Mindelo, ville portuaire animée où vit environ 90% de la population de l’île, la musique retentit dans les rues pavées. On vibre au son de la Morna ou de la Coladeira, notamment lors du carnaval qui a lieu tous les ans au mois de février. Celui-ci a d’ailleurs été élu deuxième meilleur carnaval au monde, après le célèbre carnaval de Rio de Janeiro. La légende raconte qu’il est bien plus coloré. La municipalité est également le berceau de la chanteuse Cesária Évora, et son héritage musical résonne encore dans chaque recoin de la cité. Mais l’île ne se résume pas qu’à sa scène artistique, bien au contraire ! La nature y est tout aussi fascinante. En randonnée, on monte au sommet du Monte Verde situé à 774 m d’altitude et du haut duquel, lorsqu’il fait beau, on peut jouir d’une incroyable vue sur les îles de Santa Luzia et São Nicolau, plus à l’est. L’exploration de ce petit territoire entraîne également les voyageurs vers les plages calmes de Calhau ou encore à la découverte des eaux cristallines de São Pedro où il est possible de nager avec les tortues marines.
Santo Antão, paradis des randonneurs
Parmi les îles du Cap-Vert, Santo Antão est celle qui se trouve le plus au nord-ouest de l’archipel. De 785 km² (deuxième île la plus grande de l’archipel), elle se distingue par ses paysages montagneux impressionnants et sa végétation abondante : c’est la seule île du pays à présenter ces caractéristiques. Cela la rend ainsi particulièrement attrayante pour les amoureux de randonnée et de trek. Ses décors se composent de vallées luxuriantes au nord et de régions plus sèches et arides au sud. L’île regorge de sentiers pédestres et permet l’exploration de sites spectaculaires. On y trouve le Topo de Coroa (1979 m d’altitude), le Pico da Cruz (1585 m d’altitude), ou encore la magnifique vallée de Paúl et ses cultures en terrasses. Là, on découvre différentes essences : goyaviers, bananiers, manguiers, cannes à sucre, etc. Les falaises abruptes de sa côte nord qui plongent à pic dans l’océan Atlantique, constituent un autre spectacle fascinant. Lors d’un voyage à Santo Antão, tous les sens sont en éveil : l’air chargé du parfum des mangues mûres, le toucher rugueux de la pierre volcanique sous les doigts, le claquement des chaussures de rando sur les chemins muletiers et l’écho du vent qui file entre les crêtes. C’est aussi l’occasion de déguster des fruits et légumes frais, du fromage de chèvre sur ses marchés colorés et le fameux Cachupa, recette nationale traditionnelle. Sa composition faite de maïs, haricots blancs et verts, poulet, porc, chou, patate douce en fait un plat copieux qui permet de se requinquer après une journée de marche.
Sal, terre de sel et de plages
Incontournable d’un voyage au Cap-Vert, Sal est située tout à l’est de l’archipel. Son décor s’oppose en tout point à celui de São Vicente et Santo Antão. Cette terre insulaire aride, marquée par son passé lié à l’exploitation du sel (qui lui a donné son nom au XIXe siècle) est devenue désormais le royaume du farniente, de la baignade et des sports nautiques (surf, kitesurf, windsurf, plongée). L’idéal pour en apprécier tous ses charmes est de s’y rendre en fin de voyage pour se détendre. À Santa Maria, l’ambiance est festive, entre bars animés et étendues de sable fin bordées de cocotiers et d’eau turquoise. Pour une expérience insolite, direction les salines de Pedra de Lume, se trouvant dans le cratère d’un ancien volcan endormi, où l’on y flotte comme dans la mer Morte. À l’opposé de l’île, les grottes de Buracona offrent un spectacle naturel unique avec leur « œil bleu », un trou scintillant sous la lumière du soleil. En partant en balade à Espargos, capitale et ville la plus peuplée de l’île, on découvre une localité dynamique. Dans l’atmosphère animée du marché municipal, on trouve une variété de produits locaux, de fruits et légumes frais, d’épices, ainsi qu’une sélection de produits d’artisanat cap-verdien.
Boa Vista, l’île des dunes
Située à une quarantaine de kilomètres au sud de Sal, Boa Vista est l’île du Cap-Vert la plus proche des côtes de l’Afrique de l’Ouest. Elle séduit les amateurs de tranquillité et d’aventures hors des sentiers battus. Son emblème : les dunes ! Blanches et étincelantes, certaines s’élèvent à plus de 50 mètres dans le désert de Viana. Le sable de ce petit erg a une histoire étonnante : il ne vient pas de l’île mais du continent africain. Transporté par les vents depuis le Sahara, il recouvre cette étendue de 1 km sur 5, formant un décor unique. Boa Vista cache d’autres trésors naturels : la spectaculaire plage de Santa Monica, longue de 18 km, et celle de Chaves où viennent pondre les tortues marines. Bien sûr, on garde ses distances pour les observer en toute discrétion. Plus au nord, Rabil, l’ancienne capitale, est réputée pour ses poteries artisanales. Quant à Sal Rei, ville principale au charme subtil, elle invite à rencontrer les pêcheurs locaux.
Les îles de Sotavento ou îles-sous-le-Vent
Fogo, la volcanique
Située au sud de l’archipel du Cap-Vert, à l’ouest de Santiago, l’île de Fogo est l’une des îles volcaniques les plus spectaculaires du territoire. Sur cette terre mystérieuse, le Pico do Fogo, stratovolcan actif, le seul du Cap-Vert, en est le point culminant avec ses 2829 m d’altitude. Ses dernières éruptions datant de l’hiver 2014-2015 ont laissé des traces encore bien visibles dans le village de Chã das Caldeiras, niché au pied de ce géant noir. Parmi les plans de café et les vignes robustes qui poussent sur son sol étonnamment fertile (à l’origine du fameux vin de Fogo, dont le goût fumé rappelle le magma encore chaud), on gravit les pentes du volcan, suivant le sillon d’anciennes coulées de lave, pour contempler un paysage lunaire époustouflant fait de cratères majestueux et de cendres noir de jais. Cette randonnée à Fogo, sans difficultés techniques, requiert cependant une bonne condition physique. Elle se réalise sur un sentier empruntant les flancs du volcan avec un dénivelé positif de 1100 m pour une durée de marche d’environ 5h30. Arrivée au sommet, l’effort est récompensé par un somptueux panorama.
Santiago, l’île aux mille visages
Santiago est la plus grande et la plus peuplée des îles du Cap-Vert. Située entre Fogo et Maio, elle est un carrefour culturel unique où se rencontrent les influences africaines et portugaises. Praia, nouvelle capitale du Cap-Vert depuis 1770, vibre au rythme des marchés colorés et des mélodies de la Morna. Quant à Cidade Velha, autrefois nommée Ribeira Grande, elle a été la première ville coloniale construite par les Européens sous le soleil des tropiques. Classée par l’Unesco au patrimoine mondial de l’humanité, elle témoigne du rôle historique de l’île dans le commerce des esclaves. C’est également à cet endroit que le catholicisme a pris racine, comme en atteste l’église Notre-Dame-du-Rosaire, la plus ancienne d’Afrique subsaharienne. Plus au nord, la Serra Malagueta déploie ses hauts sommets, prodiguant aux marcheurs des panoramas saisissants sur l’océan. Son relief sculpté par le temps, typique des îles volcaniques, offre un terrain de randonnée exceptionnel entre vallées verdoyantes, falaises abruptes et plages de sable noir ou blanc. Sans oublier le Pico da Antónia culminant à 1394 m, point le plus haut de Santiago. Cette île incarne l’essence de l’archipel du Cap-Vert : une terre d’histoire, de traditions et de paysages variés. Elle reflète à merveille la richesse culturelle et naturelle que l’on retrouve dans de nombreux pays africains.
Les petites îles plus confidentielles de l’archipel
Ces îles du Cap-Vert offrent une expérience unique, loin des sentiers battus.
Au sud de l’archipel et à l’est de l’île de Santiago, Maio a une superficie de 269 km2 et une population de plus de 7000 habitants. L’île se distingue par ses dunes et ses plages préservées, où la vie s’écoule paisiblement.
Brava, la plus à l’ouest des îles du sud, ne présente qu’une surface de 67 km2. Surnommée « l’île jardin », elle enchante par ses variétés de fleurs. Hibiscus, bougainvilliers, jasmin, sisal, dragonniers solitaires ornent les jardins, balcons et façades des maisons pittoresques.
São Nicolau, verdoyante et montagneuse, est idéale pour pratiquer la randonnée grâce à ses sentiers peu fréquentés, serpentant au cœur des cultures en terrasses. Ici, on peut s’élever jusqu’à 1312 m d’altitude au sommet du Monte Gordo qui domine le parc naturel éponyme, avec ses nombreuses espèces de plantes endémiques.
L’île de Santa Luzia, quant à elle, est une réserve naturelle inhabitée entourée de plusieurs îlots constituant un riche sanctuaire pour la vie animale et végétale locale.
Ces îles de l’archipel du Cap-Vert, moins accessibles et plus sauvages, invitent les passionnés de nature et de randonnée à découvrir des paysages exceptionnels dans une ambiance de bout du monde, typique de cette région d’Afrique de l’Ouest encore méconnue.