Si lorsque vous pensez aux animaux au Vietnam, vous imaginez dragons, licornes ou phénix, rien d’étonnant à cela : ces êtres fantasmagoriques, mis à l’honneur dans tous les temples et pagodes, font partie du folklore du pays et sont ancrés dans l’imaginaire collectif. Mais en vous baladant dans les rizières ou en randonnant dans les forêts tropicales, en enfourchant un VTT dans les montagnes du nord ou en navigant dans la baie d’Halong ou sur le delta du Mékong, vous croiserez à coup sûr une multitude d’animaux et d’espèces d’oiseaux bien réels qui coloreront votre aventure. Singes, buffles d’eau, reptiles, voire peut-être éléphants d’Asie, tigres et léopards d’Indochine, ours du soleil et autres espèces aux noms évocateurs, seront tout du long de votre voyage au Vietnam source d’émerveillement autant que d’amusement. À plumes, à poils, à écailles ou à peau, grands ou petits, colorés ou plus discrets, rares et endémiques ou menacés, voici le portrait de quelques-uns de ces animaux sauvages que vous pourriez rencontrer, avec un peu de chance et de patience, au détour d’un sentier. Ouvrez l’œil !
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Sommaire Les animaux sauvages couramment observés Les animaux rares ou endémiques |
Les animaux sauvages couramment observés
De nombreux oiseaux

Avis aux passionnés d’ornithologie, le Vietnam compterait près d’un millier d’espèces différentes. Le parc national de Cuc Phuong, premier parc national du pays, en abriterait environ 300 à lui seul. Ce qui en fait parmi les meilleurs endroits de voyage pour l’observation des animaux, et tout particulièrement des espèces d’oiseaux. Les ornithologues en herbe que vous êtes pourront ainsi y observer la perdrix à collier marron, le faisan argenté, le pic à collier rouge, la chouette aigle tachetée, le héron de Malaisie, le fauconnet à joues blanches et autres calao brun ou gobemouche à queue blanche. Dans les montagnes du nord, entre massifs calcaires et forêts inondées, le parc national de Ba Be est aussi le refuge du rare faisan d’Edwards. À environ 17 km de la ville de Ninh Binh, la réserve naturelle de Vân Long, elle, est la plus grande zone humide du delta nord où les oiseaux aiment s’ébattre en nombre parmi d’imposantes formations karstiques, de nombreuses grottes, et lacs peu profonds riches en poissons. On compte également les marécages dans les environs de Hoi An, au centre du pays, où le ciel s’affole de guêpiers à queue bleue, hérons cendrés, râles à sourcils blancs ou encore d’échasses blanches. Vous adorerez aussi le parc national de Bach Ma, forêt vierge où rencontrer le hibou à face blanche mais aussi celui à ventre roux. Au sud du Vietnam, du côté des hauts plateaux de Da Lat, nichent le crocias à couronne grise, le garrulaxe à poitrine orange ou encore le grimpereau de Hume. La réserve de biosphère de l’Unesco de Cat Tien recense près de 300 espèces d’oiseaux tandis que le parc national de Tram Chim, Ninh Binh et la forêt de Tra Su ne sont pas en reste au cœur du delta du Mékong. Le premier est réputé pour sa grue à couronne rouge, le second pour sa cigogne indienne. L’idéal pour partir observer tous ces oiseaux est d’être accompagné d’un guide local. À pas feutrés, en toute discrétion, au cœur de la forêt, celui-ci vous apprendra à les identifier et vous délivrera ses connaissances sur leurs modes de vie, leurs habitats et la nécessité de les protéger.
Les singes

Le Vietnam abrite 44 espèces de primates dont 5 endémiques, tous inscrits sur la liste rouge des 25 espèces les plus menacées au monde établie par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). La grande majorité d’entre eux vit dans la sous-région du Grand Mékong bien que vous puissiez en voir dans tout le pays, depuis les montagnes du nord de la cordillère de Truong Son, d’une grande biodiversité, jusqu’aux mangroves littorales. À Da Nang, autour de la statue de Lady Buddha (67 m de haut), vous pourrez apercevoir quelques macaques en liberté qui, peu farouches, n’hésitent pas à chaparder des offrandes en pénétrant dans la pagode de Linh Ung adjacente. Sinon, la réserve naturelle de Son Tra, poumon vert située à 10 km de la ville, abrite de nombreux langurs à queue brune, à observer en toute saison sans difficulté. Vous y trouverez également le langur de Douc à pattes rouges, un des primates les plus menacés au monde. Au sud d’Hanoi, la réserve de Van Long héberge quant à elle la plus grande communauté de langurs de Delacour à poils noir et blanc, avec plus de 100 individus que vous aurez plus de chance d’observer à la tombée du jour. Lui aussi est en danger critique d’extinction. Parmi les autres espèces emblématiques du pays, citons l’endémique gibbon à joues blanches, le macaque jaune à longue queue ou à face rouge. Enfin, à Cuc Phuong, plus ancien parc national du Vietnam, se trouve le centre de sauvegarde des primates en voie de disparition (EPRC : Endangered Primates Rescue Center) qui abrite près de 15 espèces différentes. Ce centre réalise un travail prodigieux en faveur de la conservation de la nature et de ces singes. N’hésitez pas à le visiter.
Les rongeurs

Parmi les autres animaux au Vietnam significatifs, les voyageurs apprécieront à coup sûr l’écureuil volant ou écureuil planeur comme on le surnomme, un rongeur avec wingsuit intégré. De fines membranes extensibles se déploient lorsque ce gros écureuil passe d’un arbre à un autre grâce à d’impressionnants vols planés. Il a élu domicile dans le Nord Vietnam, principalement dans le parc de Cao Bang où il vous faudra randonner le nez en l’air pour espérer jouir de ses impressionnants saltos. Autre rongeur très présent dans le pays : le rat des champs. Le Vietnam en compte 43 espèces différentes, et notamment beaucoup dans les zones rurales où ils sont bien souvent détestés des paysans car ils causeraient chaque année la perte de près de 500 000 hectares de rizières.
Les buffles d’eau

Entre tous les animaux au Vietnam, le buffle d’eau est un des plus symboliques, utilisé par les paysans depuis la nuit des temps pour labourer les rizières. Les archéologues estiment sa domestication à plus de 5000 ans. Et puisqu’environ 70% des Vietnamiens vivent en milieu rural et tirent leur subsistance de l’agriculture, le buffle d’eau est omniprésent et la machine n’est pas près de le remplacer, tant cet animal tranquille dispose de belles qualités : acharné au travail, et très adapté aux milieux humides et accidentés. Ce compagnon de labeur inséparable est sacré pour les Vietnamiens, symbole d’une vie paisible et prospère, tellement ancré dans la société que le folklore le célèbre en bien des occasions lors de fêtes populaires. Le buffle est aussi le deuxième signe du zodiaque dans le calendrier lunaire. Dans les campagnes, vous pourrez le voir s’afférer dans les champs en compagnie de son propriétaire non loin d’autres animaux incontournables de la ferme comme les cochons, chèvres, coqs et poules.
Les reptiles

Du côté des reptiles, attendez-vous à être surpris dans cette catégorie d’animaux au Vietnam. Car si elle comprend tortues, grenouilles et autres lézards, ils n’ont ici rien de classique. La tortue à tempes rouges par exemple, tire son nom du fait de la coloration carmin de part et d’autre de sa tête. Habitante des zones humides, elle est en danger critique d’extinction. Tout comme sa comparse la tortue géante à carapace molle du fleuve Rouge. Quant aux grenouilles, elles sont volantes telle la grenouille volante d’Hélène, découverte dans la région du delta du Mékong, à moins de 100 km d’Ho Chi Minh Ville. De fines membranes habillent leurs pattes et leur permettent de planer d’un arbre à un autre au cœur des forêts tropicales d’Asie et du Vietnam. Elles sont aussi nocturnes, adeptes du camouflage et donc pas faciles à observer. Le varan malais lui, en impose dans la catégorie des gros lézards. Vous croiserez ce dragon d’eau dans les marécages et les mangroves des différents parcs nationaux et réserves naturelles du pays. Pas si éloigné de lui, le crocodile siamois, un crocodile d’eau douce vietnamien menacé d’extinction, est à observer au cœur du parc national de Cat Tien. Enfin, côté serpents, il n’existerait pas moins de 200 espèces différentes au Vietnam tels le cobra royal, le krait, la vipère à nez de cochon ou encore le python réticulé, l’un des plus grands serpents au monde. Cependant, pas d’inquiétude à avoir lors de vos randonnées, très farouches et ressentant les vibrations de vos pas, grâce à leurs écailles ventrales, ils s’éloigneront très rapidement, dès que vous les approcherez.
Les animaux rares ou endémiques
L’éléphant d’Asie

Il est sans aucun doute l’un des animaux sauvages le plus massif que vous pourrez observer lors de votre voyage au Vietnam. Bien qu’il soit plus petit et plus poilu que son voisin l’éléphant d’Afrique (avec qui il peut avoir jusqu’à 3 tonnes d’écart à l’âge adulte), l’éléphant d’Asie pèse en moyenne 4 tonnes et mesure 6 m de long. Ses oreilles sont aussi moins développées. Comme l’éléphant d’Afrique, il vit en troupeau (de 6 à 10 spécimens) dont une femelle expérimentée est la meneuse. Il aime s’installer près des étendues d’eau pour boire à son aise et se baigner plusieurs heures par jour. Au Vietnam, comme dans le reste de l’Asie, il est hélas classé parmi les espèces en voie d’extinction : victime du braconnage (défenses en ivoire utilisés pour fabriquer des objets ou en médecine traditionnelle), de la perte d’habitat due à l’exploitation effrénée des forêts tropicales qui se réduisent comme peau de chagrin et de l’asservissement par l’homme (débardage, transport de touristes…). Vous n’en rencontrerez pour ainsi dire plus à l’état sauvage, à l’exception d’une soixantaine d’entre eux si l’on en croit le Wild Welfare. Aujourd’hui, les éléphants sont surtout observables dans certaines zones de conservation de la nature, comme au cœur du parc national de Yok Don ou de façon plus ou moins domestiquée chez l’ethnie Mnong, dans la province de Dak Lak, qui abriterait le plus grand troupeau d’éléphants d’Asie avec 15 à 20 individus.
Le léopard et le tigre d’Indochine

Le magnifique léopard d’Indochine, que l’on appelle aussi panthère d’Indochine, est l’une des 9 sous-espèces existantes de léopards, vivant dans les forêts tropicales du centre du Vietnam. Il n’a été découvert que tardivement, en 1930, par le zoologiste britannique Reginald Pocok. Félin de taille plutôt petite, sa robe fauve clair tachetée de rosettes très foncées lui confère une allure irrésistible. Ce qui n’empêche malheureusement pas son extinction croissante entre la déforestation qui réduit considérablement son habitat, la disparition de ses proies due à la chasse humaine trop intensive et le trafic animalier pour fournir la pharmacopée traditionnelle asiatique. Le tigre d’Indochine, quant à lui, est le plus grand félin terrestre et l’un des plus puissants pouvant mesurer jusqu’à 2,85 m de long et peser près de 200 kg. C’est un super prédateur, figure emblématique de férocité qui chasse principalement cerfs et sangliers. Cinq individus seulement vivraient encore à l’état sauvage au Vietnam, survivant dans les zones frontalières du centre et du nord-ouest du pays, comme dans le parc national de Pu Mat. Car malgré une loi vietnamienne pour le protéger, interdisant entre autres sa chasse et sa vente, le commerce illégal du tigre d’Indochine y serait encore florissant. Quelques 400 autres individus vivent en captivité dans divers parcs ou réserves.
L’ours du soleil

L’ours du soleil, que l’on appelle aussi ours malais ou ours des cocotiers, est le plus petit des ours de la planète, l’ours le plus « tropical » aussi ! Mesurant 1,40 m en moyenne (contre 3,25 m pour l’ours kodiak), il déplace sa sombre fourrure noire jusque dans les hauteurs des arbres, pour dormir et prendre des bains de soleil. Il se distingue de l’ours noir d’Asie par son poil ras, ses plus petites oreilles et son plastron en forme de « u » blanc sur sa poitrine. L’ours du soleil vivait autrefois en nombre dans le centre du Vietnam mais il ne compte plus aujourd’hui qu’une poignée de spécimens vivant à l’état sauvage, notamment au cœur du parc national de Bidoup-Nui Ba et ses bambouseraies, non loin de Dalat. Un centre de réhabilitation dans le parc national de Cat Tien récupère les ours du soleil victimes de braconnage ou traumatisés par une vie passée en cage, et tente de leur offrir une meilleure vie.
Le loris lent pygmée

Une tête toute ronde et de grandes billes expressives surplombant la canopée, une fourrure brune tirant sur le roux, le loris lent est vraiment adorable ! Ce petit primate – qui n’est pas un singe – ne mesure que 20 cm environ et ne pèse qu’entre 150 et 500 gr au plus. Vivant à la cool, il passe ses journées à roupiller dans les branches des arbres. S’il marche lentement, une fois réveillé, il s’active tout de même un peu plus la nuit pour chasser. Et ne vous fiez pas aux apparences, il s’avère être un redoutable chasseur… venimeux. Lorsqu’il se sent menacé ou qu’il veut attaquer une proie, des glandes situées sur ses coudes sécrètent un poison qu’il lèche et mélange à sa salive. Il inocule ensuite ce poison grâce à ses dents. Il peut alors menacer un prédateur à distance. Originaire de l’est du Mékong, cette toute petite boule de poils est cependant en danger critique d’extinction, victime de la perte de son habitat forestier et de la chasse intensive. Car plusieurs de ses attributs sont à son grand damne très prisés en médecine traditionnelle chinoise. Le loris lent pygmée apparait ainsi sur la liste rouge de l’UICN et est aussi inscrit à l’Annexe I de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacés d’extinction (CITES).
Le gaur

Connaissez-vous cet animal qui porte un drôle de nom ? Il s’agit en fait d’une espèce bovine asiatique apparentée au buffle d’eau. Pas n’importe laquelle puisque le gaur est le plus gros bovidé sauvage et l’un des plus puissants, rien que ça ! On le surnomme d’ailleurs le « bison indien » tant il impressionne par sa carrure, pouvant mesurer jusqu’à 2 m de haut et peser jusqu’à 1000 kg. Mais ne vous-y méprenez pas, c’est un colosse timide. Si sa robe est sombre, allant du noir au brun rouge foncé, l’animal semble en revanche porter des bas aux pattes, teintés de blanc. C’est un herbivore qui se nourrit de toutes sortes de végétaux. Bien que le gaur soit devenu rare, menacé par l’homme et le tigre, les seuls prédateurs qui osent se mesurer à lui, vous pouvez encore espérer le croiser dans le parc national de Cat Tien, lequel compte 110 individus.
Le saola
De tous les animaux au Vietnam, cette espèce d’antilope, aussi surnommée « licorne asiatique » en raison de ses deux grandes cornes, constitue l’une des plus importantes découvertes en zoologie de ces 50 dernières années et le dernier grand herbivore mis au jour ! Il n’a été repéré pour la première fois qu’en 1992 au cœur de la forêt tropicale du parc national de Vu Quang. Le saola, très ressemblant aux oryx africains, est habillé d’une robe brun foncé et de quelques taches blanches aux sabots. Côté maquillage, il porte des bandes blanches sur les joues et les arcades sourcilières, et est doté d’un museau et menton tachetés. Il est l’un des grands mammifères les plus menacés au monde avec moins de 100 individus vivant à l’état sauvage et aucun en captivité. Vous pourrez apercevoir ces derniers spécimens au côté du muntjac géant dans le parc national de Bach Ma, où un programme d’élevage est en cours, et dans les montagnes Annamites vietnamiennes.
Le pangolin
Saviez-vous que le pangolin est le seul mammifère au monde recouvert d’écailles ? Deux espèces de pangolins, sur 8 existantes, ont élu domicile au Vietnam : le pangolin de Sunda et le pangolin chinois. Le premier se retrouve essentiellement dans les forêts du centre et du sud du pays tandis que le second se rencontre au nord. Pour optimiser ses chances de l’observer, mieux vaut envisager une randonnée nocturne accompagnée d’un guide expérimenté : le pangolin adore vivre la nuit pour se faire des festins de fourmis. S’il se sent en danger à votre approche, il ne manquera pas de se rouler en boule, sa technique de défense la plus élaborée. Sachez que le pangolin est l’espèce en proie au plus important trafic animal à travers le monde car ses écailles seraient bourrées de vertus, si l’on en croit la médecine traditionnelle chinoise. Son nombre à l’état sauvage aurait ainsi diminué de plus de 90 % au cours des 20 dernières années. Tant et si bien que son nom figure en haut sur la liste rouge de l’UICN des espèces en danger critique d’extinction. À noter que dans le parc national de Cuc Phuong, il existe un centre de réhabilitation spécialisé sur la faune sauvage proposant un focus tout particulier sur les pangolins : une façon éducative et très accessible pour les rencontrer avec respect.
Quels animaux sacrés symbolisent le Vietnam ?
Si les rencontres animalières sont nombreuses au cœur de la nature vietnamienne, vous ne serez pas en reste en visitant les pagodes et autres palais peuplés de créatures surnaturelles. Au Vietnam, la mythologie est riche et certains animaux sacrés sont extrêmement influents dans la société et les croyances locales. C’est le cas de quatre d’entre eux, que vous pourrez admirer un peu partout à travers le pays : le dragon d’eau, la licorne Ky lân, la tortue sage et le phénix. Enfin, le phénix est symbole de noblesse et de beauté, souvent associé aux reines et autres femmes nobles. Dans la citadelle impériale de Thang Long, autrefois appelée la citadelle Phuong (phénix), de nombreuses têtes de phénix géantes en céramiques sont exposées. |




