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Cuba
Cuba hors du temps par les chemins de traverse

Le par

Maison de village dans la région de Mil Cumbres à Cuba © Olivier Caillaud

Il y a des lieux sur terre qui ne courent pas au même rythme que les autres. Des lieux où la célèbre montre molle de Salvador Dali aurait toute sa place. Des lieux où l’Histoire avec un grand H est gravée à jamais sur les murs décrépis des moindres petits villages. Cuba est ce lieu.

Un coup de fil, une légère réflexion mais sans trop d’hésitation, un œil sur le planning, un autre sur le passeport et me voilà parti en voyage à Cuba. L’appareil photo en bandoulière et la casquette vissée sur la tête, je rejoins mes compères et amis de longue date, Laetitia et Guillaume de Nomade Aventure, pour un périple qui va durer deux semaines. Le fil conducteur, un voyage de reconnaissance, la thématique, la randonnée, l’état d’esprit, curieux et enthousiaste. En cet hiver plutôt frisquet sous nos latitudes, la chaleur moite qui nous accueille à l’aéroport de La Havane nous met tout de suite dans l’ambiance, ce voyage sera contrasté et calliente.

À l’arrivée, une grosse voiture américaine des années soixante nous attend avec sa calandre rutilante. Le décor est planté, nous allons traverser le temps. Quelques minutes après une virée tout en suspension dans La Havane by night, nous voilà sur une terrasse feutrée, un verre pour adulte à la main et un cigare imposant dans l’autre. Une photo pour immortaliser ce premier moment qui symbolise ô combien notre venue dans ce pays qui respire bon le rhum et le tabac. Bonne nuit à rêver des révolutionnaires dans cette bâtisse qui était un des quartiers généraux de l’armée.

Voiture vintage dans les rues de La Havane

Réveil fruité et coloré pour faire le plein de vitamines car il en faudra pour tenir la cadence du programme chargé du réceptif local bien motivé à nous faire découvrir son île pas comme les autres. Direction Mil Cumbres, à l’ouest, pour rejoindre nos montures et notre guide pour un trek de plusieurs jours qui va nous réserver de très belles surprises. Il faut savoir que Laetitia a mis un point d’honneur à tester cette randonnée soutenue car il existe très peu d’agences de voyages capables d’organiser une telle aventure. Et je les comprends car il n’est pas aisé de penser à toute cette logistique mais quel bonheur à l’idée de partir vers l’inconnu pour tenter de mettre sur pied un séjour hors des sentiers battus. Après plusieurs heures de conduite sur une route aussi remuante qu’un cours de salsa, nous voilà au bout de nos peines mais au début de nos efforts musculaires. Le spectacle est de toute beauté, les yeux sont récompensés avec cette végétation verte et sauvage. Le paysage est vallonné et l’impression d’être perdu est réelle.

Paysage dans la région de Mil Cumbres à Cuba

Alors que nous nous restaurons dans la maison sur pilotis qui sert aussi de refuge pour les gens de passage, je me demande à quoi sert cette surface bétonnée qui jure avec cet environnement préservé… le guide me répond : « C’est l’héliport de Fidel Castro qui venait ici pour se reposer loin de l’effervescence de La Havane ! ». Je comprends mieux pourquoi nous sommes là, nous venons chercher aussi la quiétude. Après un repas frugal, à savoir une soupe, des haricots rouges, du riz, des légumes et de la viande, une micro-sieste s’impose sur un rocking chair, autre symbole de ce pays qui met le holà au stress.

Héliport de Fidel Castro à Mil Cumbres

Bonne nouvelle, ce sont les mules qui porteront nos sacs tandis que nous marcherons à la cadence tranquille des bottes bleues de notre guide. Tout est vert, avec des nuances bien évidemment mais je saisis pourquoi cette couleur de bottes, on ne pourra pas perdre notre guide ! Le petit layon (sentier forestier) que nous suivons est très agréable, il traverse une végétation abondante mais pas hostile. Nous croisons « l’arbre à touriste » (ou gommier rouge) avec son écorce rouge qui pèle pour mieux se moquer. Le palmier royal est quant à lui majestueux tandis que la liane tortue se balade tranquillement entre la terre humide et le ciel éclairé. Tout est ravissement et sérénité.

Randonnée dans la région de Mil Cumbres

Entre deux clairières où la pelouse est aussi bien entretenue qu’un jardin anglais, nous faisons connaissance avec des campesinos, ces hommes qui travaillent la terre, seuls et loin de leurs familles pour arrondir leur fin de mois avec quelques sous de plus dans l’escarcelle. La vie n’est pas toujours facile ici, tout est débrouillardise et à chaque jour suffit sa peine. Mais le sourire est omniprésent et la générosité est de mise. Ainsi, dans cet environnement grandiose et paisible, quel n’est pas notre étonnement quand une grosse enceinte sortie de nulle part chante une musique française au milieu d’une portée de porcelets et de dindons. Dans une minuscule cabane, chapeau de cowboy et tenue verte de rigueur, l’un d’entre eux nous invite à boire un café. Scène surréaliste mais si touchante quand il apporte ces deux verres finement coupés grâce à un procédé digne de MacGyver. Moment suspendu d’humanité.

Invitation dans la cabane d'un campesino pour boire un verre

Un peu plus loin, un petit village composé d’une dizaine de maisons en bois, toutes bien soignées avec chacune un parterre de fleurs et zéro déchet dans l’allée centrale, nous impressionne. À croire qu’ils concourent pour une médaille. Mais c’est vrai qu’ici tout est organisé pour que chacun soit dans l’égalité et le respect. Ainsi dans la petite maison faisant office d’épicerie, un monsieur âgé nous montre le registre bien rempli au stylo d’écolier avec la quantité de riz, de sucre ou de farine empruntée par chaque villageois.

Village dans la région de Mil Cumbres

Tout est noté sous l’œil de Fidel qui même absent, fait encore et toujours office de gardien de la paix. Il est partout, peint sur le mur de toutes les écoles, encadré dans chaque établissement, aux côtés de son ami el Che, à l’entrée des villes sur les seuls panneaux autorisés. Car ici point de publicité !

Devanture d'une maison dans un village cubain avec photo de Fidel Castro

Les chevauchées se suivent et ne se ressemblent pas. Les forêts font place à des petites montagnes calcaires de toute beauté appelées les mogotes, sorte de clin d’œil au relief asiatique mais entourés de champs de tabac et de café. De vraies cartes postales devant lesquelles il fait bon s’asseoir pour mieux les contempler. Moment suspendu de gratitude.

Olivier, Laetitia, Guillaume et leur guide en pause durant la randonnée

Les nuits fraîches mais silencieuses se passent tantôt sous une tente made in Cuba, tantôt chez l’habitant où l’ambiance est toujours joyeuse avec bien souvent un groupe de musique pour digérer la journée au son de la guitare. Au matin, le danseur se transforme en homme de la terre pour labourer le champ avec ses bœufs imposants. Le musicien, lui, enfile ses éperons et monte à cheval pour nous guider vers de nouveaux horizons…

Le guide cavalier en randonnée à Cuba

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